L’article est du Dr Birgit Lichtenberg-Kraag de l’institut apicole de Hohen Neuendorf à Berlin. Nous le résumerons rapidement.
Dire que ce sont les abeilles qui apportent du pollen dans le miel est un peu trop simple. Les professionnels parlent de pollinisation primaire, tertiaire ou secondaire, soit trois méthodes d’arrivée du pollen dans le miel, sans participation directe des butineuses de pollen. Une distinction d’importance pour les analyses qui s’ensuivront.
Pollen et nectar.
Les butineuses rapportent du nectar (des sucres), mais aussi du pollen (des protéines). Ces protéines joueront un rôle important lors du développement des glandes nourricières, car elles sont un élément important du jus produit par ces glandes. De même, les réserves de pollen sont un élément décisif dans le développement des corps gras des abeilles d’hiver.
Ici toutefois, on ne parle pas du pollen rapporté en boulettes par les ouvrières dans leurs corbeilles mais bien des grains isolés qui s’installeront dans le miel, parfois même sans intervention active des abeilles, une remarque qui n’est pas sans importance avant d’entamer les discussions sur les pollens de plantes génétiquement modifiées.
Le butinage des abeilles
Lors de l’entrée de l’abeille dans une corolle, les déplacements d’air et les frottements feront tomber des grains de pollen des étamines dans le nectar. L’ensemble se retrouvera dans les jabots. Combien de grains de pollen ? Cela dépend d’abord de la façon dont la fleur est construite, ensuite de la quantité de pollen qu’elle produit. Certaines fleurs engendreront une sur-représentation du pollen dans le nectar : ainsi en est-il du colza, avec des sources de nectar facilement accessibles au fond du calice, dans lesquelles tomberont facilement les grains de pollen lors d’une visite d’insecte. D’autres au contraire auront des sources de nectar bien cachées et le pollen sera sous représenté dans le nectar butiné : c’est le cas du robinier.
Cette pollinisation du nectar lors du butinage est dite primaire. Elle est décisive pour la détermination de l’origine botanique des nectars.
Le transport du pollen par le vent
On trouve aussi dans le miel des pollens de fleurs qui ne produisent pas de nectar : graminées, résineux, maïs. Le vent les a emportés et il les a déposés sur d’autres fleurs, ou bien sur le poil des butineuses, ou encore sur les miellats qui seront récoltés. Même la ventilation de la colonie par le peuple d’abeilles peut contribuer à apporter ces pollens sur du miel non encore operculé, voire la collecte des réserves de pollen par les jeunes nourrices contribuer à cette pollinisation secondaire du miel.
La contribution de l’apiculteur
Si certains miels exotiques ont parfois un fort taux de pollen, cela peut provenir des techniques de récolte et d’extraction qui vont introduire une dose de pain d’abeille, de réserves de pollen dans le produit final, voire plus rarement parce que les abeilles auront réutilisé pour le miel des cellules dans lesquelles restait encore un peu de pain d’abeilles. C’est la pollinisation tertiaire qui ne joue qu’un rôle subordonné.
Les pollens d’OGM
Un gramme de miel contient en moyenne 5000 grains de pollen, ce qui donne environ 0,02g de pollen dans 100g de miel, soit une proportion de 0,02%. Un chiffre déterminant pour le débat autour de la déclaration de la proportion de pollens issus d’OGM dans le miel. Parmi les pollens apportés par le vent, comme le maïs, on trouvera essentiellement des pollens isolés inclus dans le spectre, la proportion maximale étant de 5%. La proportion des pollens issus de plantes OGM est bien au dessous du seuil de 0,9% qui vaut pour des « contaminations accidentelles ou techniquement inévitables ». Même lorsque les abeilles butinent sur le maïs, cette proportion ne grandira pas de façon significative.
Le rôle du pollen dans la cristallisation
Quand le miel cristallise, les grains de pollen forment les germes de cette cristallisation. C’est pourquoi la filtration du miel permet d’en ôter ces grains et de retarder la cristallisation. Du coup, il n’est plus possible de déterminer la provenance du miel, qu’il s’agisse des origines botaniques ou des origines géographiques.
Source : Deutsches Bienen Journal (Août 2008), Postfach 30448 – 0634 Berlin – RFA
Article paru dans la revue Abeilles & Fleurs N°698 (Octobre 2008) dans la rubrique Revue de presse