Préambule
Voici une série de 2 articles parus dans la Revue Abeilles & Fleurs : A&F N°826 (Mai 2020) et A&F N°836 (Avril 2021).
Vous pourrez aussi lire la déclinaison apicole dans le n°837 (Mai 2021) et la « belle histoire » : Pour contrer les virus, un coup de chaud pour nos abeilles.
Expirez ! Soulevez le couvercle ! Inspirez !
Nous avions publié il y a 15 ans, dans Abeilles & fleurs d’octobre 2005, un article portant ce titre qui expliquait comment deux apiculteurs allemands avaient organisé dans leurs ruchers du Tyrol et de Haute-Autriche des sessions de cure d’air de ruches. Le citadin stressé, qui venait chercher le repos à la ferme et l’air pur des montagnes dans de longues promenades, pouvait également y réclamer son bol d’air de ruches. La respiration régulière pendant quelques dizaines de minutes, plusieurs jours de suite, de l’atmosphère d’une colonie d’abeilles en pleine santé (et en saison, en période de développement de la colonie exclusivement) semblait apporter aux bronchiteux et autres rhumiteux un soulagement certain. Bon pour les poumons, les sinus, le système immutaire en général. Auto-suggestion ? Effet de la propolis ? Effet annexe de la détente ? En tout cas, les curistes étaient unanimes et déclaraient tous avoir diminué leur consommation de médicaments après coup.
Booster le système immunitaire
Aujourd’hui, les préoccupations que nous cause la COVID-19 ont interpellé un biologiste marin. Alain Michel lutte depuis 20 ans contre les virus émergeant dans les élevages aquacoles, poissons, crustacés, etc., du monde entier. Le hasard des observations l’a amené à travailler sur le terrain par hyperthermie. En présence du pathogène, il soumet les poissons à des chocs de température répétés, très proches de la température létale mais de très courte durée, répétés jusqu’à l’arrêt des mortalités.
Étonnamment, ça marche bien. La chaleur n’attaque évidemment pas directement les virus, car la température à atteindre pour les détruire est incompatible avec ce que peuvent supporter les cellules. C’est très vraisemblablement l’effet sur le système immunitaire inné qui est le plus important car, ses capacités étant surexprimées par la température, il va mobiliser toutes les voies cellulaires pour régler lui-même le problème. Cette excitation à la surexpression des heat shock proteins, ces protéines anti-stress conservées par l’évolution depuis les bactéries jusqu’aux humains, serait la clé des résultats. Énorme cerise sur le gâteau, les poissons traités en ressortent résistants à une deuxième rencontre avec ces pathogènes. Mieux donc qu’un vaccin puisque la protection découle de la présence même du pathogène à chaque traitement : pas de crainte de mutation ou de nouveaux sérotypes.
Des poissons aux humains
Très récemment, au Ghana, sur un iridovirus émergent qui avait en quelques mois détruit la production de 50 000 tonnes de tilapia (une espèce de poisson), l’utilisation des chocs thermiques à 39°C sur des alevins de 0,5g a permis de remonter les survies de moins de 10% à plus de 60%. De là à penser à une adaptation de la méthode pour les virus des mammifères et des humains… en se rappelant que la température était utilisée par les premiers pasteuriens (cf. Peste et Choléra, de Patrick Deville, consacré à Alexandre Yersin).
Bien sûr, on entre là dans le domaine des hypothèses, mais l’essai est simple et facile à mettre en place en quelques jours, avec l’accord d’une dizaine de médecins. Il s’agit de retrouver un geste d’hygiène traditionnel, un remède de bonne femme, de « bonne fame » et de bonne mère, que nous avons tous connu et pratiqué, le nez sur le bol d’eau chaude et la serviette sur la tête. En tout cas, l’essai ne coûte pas grand-chose !
Une enquête de quelques jours avec peu de monde.
Dans le cas précis de la COVID-19, pourquoi ne pas tester cette hyperthermie sur les humains ? L’hyperthermie est d’ailleurs déjà utilisée en cancérologie pour potentialiser les effets de la chimiothérapie. Aussi, dans la recherche de solutions innovantes, simples, de terrain et immédiatement opérationnelles pour lutter contre la COVID-19, notre biologiste propose la démonstration ou infirmation de l’effet bénéfique d’un traitement simple du coronavirus : l’inhalation. En utilisant un inhalateur classique de 0,5l, rempli d’eau chaude sans rien d’autre de façon à ne pas encrasser les sinus, et en faisant de 3 à 5 inhalations par jour jusqu’à disparition des symptômes.
L’enquête auprès de patients en observation de suspicion de début de coronavirus et pratiquant des inhalations serait faite selon un protocole précis. Il s’agit d’une proposition conjointe de Kilian Delorme, de la SAS KAMAHU, PME éditrice de services numériques de suivi d’élevages, de Pierre Legrain, directeur de recherche au CNRS (DR1) au sein du département de neuroscience à l’Institut Pasteur, et d’Alain Michel, biologiste marin, entrepreneur (Aquaculture R&D) et ancien Directeur des Ressources Vivantes de l’Ifremer.
Des méthodes simples et « de terrain »
Voilà une démarche originale. Un remède très simple (« de grand-mère ») revisité par la science moderne, pourrait-il être un traitement de choix lors des premiers signes d’attaque du coronavirus ? Une solution reposant sur la participation active de médecins de ville et de terrain et de celle des personnes touchées – forcément moins « sexy » et « moderne » que d’autres mais tellement plus positive et bon marché – pourrait-il nous entraîner vers une santé plus « participative » ? Et tellement moins coûteuse…
Simonpierre DELORME ()
L’équipe est à la recherche d’un chef de projet médecin et de généralistes pour construire et guider cette enquête. Contacts : / .
Sources :
- Dossier complet à retrouver ici : LutteCovid19Inhalation/
- Wikipedia – Heat Shock Proteins : en.wikipedia.org/wiki/Heat_shock_protein
- Global Aquaculture Alliance (December 2018) – Hyperthermia can boost innate immune system in juvenile fish : https://www.aquaculturealliance.org
- Aquaculture Asia Pacific – Disease control by hyperthermia with non-lethal heat shock : https://issuu.com/aquacultureasiapacific/docs/ (page 44)
Mise à jour (Décembre 2020) :
– « Prophylactic treatments in anticipation of the disease in the elderly could involve natural repetitive stimulations of the HSR in the whole body through controlled intense physical exercise, sauna therapies and the regular maintenance of calorie-restricted diets containing minimal amounts of saturated lipids and cholesterol. »
www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmed.2020.564170/full
Dans les références ci-dessous, la température joue aussi le premier rôle :
– « A new clinical trial exploring whether a fever could help someone recover from severe COVID-19. It’s a potential treatment that hasn’t been studied anywhere else in the world. » (27/10/2020) www.sharp.com/health-news/could-a-fever-help-the-sickest-covid-19-patients.cfm
– « Core warming of coronavirus disease 2019 » : www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.03.20052001v2
– « The purpose of this study is to determine whether externally warming critically ill afebrile adult septic patients will improve indices of immune function and/or clinical outcomes. » clinicaltrials.gov/ct2/show/study/NCT02706275
L’article suivant est extrait de la Revue de presse internationale du numéro N°836 d’Avril 2021.
Hydrothermotherapy in prevention and treatment of mild to moderate cases of Covid-19 Medical Hypotheses (Science Direct & doi.org/10.1016/j.mehy.2020.110363)
Il y a un an, nous avons publié l’article ci-dessus qui rappelait les « cures » d’air de ruches organisées en Autriche par des apiculteurs dès 2005 pour ceux de leurs clients qui disaient constater que leurs difficultés respiratoires s‘amélioraient sensiblement par l’inhalation régulière d’air de ruche, sans rien d’autre mais en période de plein développement d’une colonie forte et en bonne santé. A voir, mais la pandémie de la COVID-19 avait inspiré un biologiste aquacole.
Surexprimer les capacités du système immunitaire inné via des chocs thermiques
On sait les espoirs que la pisciculture porte pour le nourrissement d’une humanité en expansion rapide (euphémisme) et on sait aussi que les élevages sont évidemment sujets à des émergences de virus que la concentration encourage. Or, la parade la plus efficace qu’il a trouvée depuis 15 ans consiste à pratiquer une « hyperthermie », c’est-à dire à soumettre les élevages piscicoles à des chocs courts mais répétés de température. Ceux-ci agiraient surtout sur le système immunitaire inné dont les capacités vont être surexprimées par la température. Cette utilisation de ce que les Anglo-Saxons appellent les « heat-shock proteins » permet en outre d’obtenir des poissons qui résisteront mieux à une seconde rencontre avec les pathogènes.
Mieux donc qu’un vaccin puisque la protection découle de la présence même du pathogène à chaque traitement : pas de crainte de mutation ou de nouveau sérotypes.
L’idée d’Alain Michel, notre biologiste, était de vérifier ce que la méthode pouvait donner avec les humains en testant l’effet des bonnes vieilles inhalations de nos grand-mères : la serviette sur la tête et le nez au-dessus du bol d’eau bien chaude. Il avait proposé un protocole d’essai pour cette hyperthermie des patients en suspicion de début de coronavirus. Nous en avions parlé ici il y a un an à propos d’une campagne du ministère des Armées français pour la recherche de solutions innovantes.
Cependant, ces techniques sont bien connues et la publication d’autres articles ne s’est pas fait attendre, pour jeter ce qu’un de ces articles appelle de la lumière sur une thérapie envisageable (Light on conceivable therapy). Dès août 2020, un article parlait de la présence ou de l’absence (dans les cas graves) de réaction aux chocs thermiques (HSR) : doi.org/10.1042/CS20200596 avec un commentaire sur les spécificités thermiques des chauves-souris (passionnant si vous aimez les bestioles !). D’autres ont suivi sur les cellules du nez comme voie d’entrée du virus et toujours sur les chocs thermiques.
Les températures fébriles associées à la la COVID-19 gênent la reproduction du SARS-CoV-2
Nous avons lu, entre autres, une étude de 17 chercheurs du centre de virologie de Glasgow en Ecosse, titrée « Elevated temperature inhibits SARS-CoV-2 replication in respiratory epithelium independently of the induction of IFN-mediated innate immune defences » (l’éphitélium est ici le tissu interne en surface de la muqueuse des poumons et IFN signifie interféron) qui déclare : « à notre connaissance, nous présentons la première preuve que les températures fébriles associées à la la COVID-19 gênent la reproduction du SARS-CoV-2 » (doi.org/10.1101/2020.12.04.411389). De nombreuses autres publications notent cette possibilité d’applications thérapeutiques. La plus récente, au moment de la rédaction de cet article, est en sous-titre. Elle est signée des Drs Francisco E. Ramirez, Albert Sanchez, du Weimar Institute en Californie, et Aki T. Pirskanen, en Finlande (rien d’étonnant quand on connaît l’importance du sauna dans le maintien de la santé des Finlandais !), en Janvier 2021. Les auteurs expliquent la vulnérabilité du virus à la température et donc l’action de la chaleur corporelle interne (fièvre) et externe (traitement) dans l’activation du système immunitaire. De toute façon, comme le remarque une autre étude, tout au long de l’histoire humaine, on a utilisé les sources chaudes, les saunas, hammams, banyas (баня), bains de vapeurs, étuves, thermes, bains de boue (chaude), cataplasmes, loges à transpirer, etc., pour prévenir et traiter les affections respiratoires, améliorer santé et bien-être.
Pas assez sexy
Bref, l’idée de l’inhalation fait largement son chemin, sinon en France, au moins ailleurs. Un des trois promoteurs français à l’origine remarque un peu résigné : une idée trop simple, trop facile à mettre en œuvre, trop bon marché, ce n’est peut-être pas assez « sexy » pour nos décideurs.
« С лёгким паром! » (Que la vapeur soit légère !, expression russe dite à ceux qui sortent de la banya).
Simonpierre DELORME ()
Vidéo diffusée par la radio sri-lankaise SunFM de l’Asia Broadcasting Corporation :
- (Mai 2021) Hyperthermia by near infrared radiation induced immune cells activation and infiltration in breast tumor : « Local HT by NIR at 43 °C reduced tumor progression and significantly increased the median survival of tumor-bearing mice (…) Results from this present study extends the understanding of using local HT by NIR to stimulate a favourable immune response against breast cancer. »
- Pour contrer les virus, un COUP DE CHAUD pour nos abeilles